Cette promenade, réservée aux véhicules à moteur antérieurs à 1905, a eu lieu le dimanche 3 novembre. Cet évènement, unique au monde par son ampleur, réunit des passionnés du monde entier. Le Londres-Brighton a été créé en 1896 pour commémorer le « Locomotives on highway act » qui permettait aux véhicules de rouler à une vitesse maximale de 14 miles à l’heure (soit 22,4km/h) au lieu de 4 miles à l’heure (6,4km/h), et aussi de ne plus avoir à être précédés d’un homme à pied avec un drapeau.

Cette édition portait l’accent sur les 120 ans de la création du Ladies Automobile Club. L’automobile était un bastion masculin et il sembla nécessaire à ces dames de créer leur propre club. Par conséquent, de nombreuses dames ont piloté ces ancêtres lors de cette édition.
Cette année 2024 était pour moi la 16ème fois que j’assistais au Londres-Brighton. La première fois, c’était en 1985 et, depuis, assez régulièrement j’assiste en tant que spectateur. Mais cette année fut exceptionnelle pour moi, car j’ai pu y participer en tant que passager d’une Darracq de 1901 pilotée par Christopher Berridge et propriété de son épouse Jane Berridge, amis anglais qui participent à certains de nos rallyes et qui, d’ailleurs, ont participé au rallye des 10 Lustres cet été.

La Darracq de Jane et Christopher Berridge file vers Brighton.
Christopher et Jane sont arrivés le samedi matin à Londres pour déposer la Darracq dans le garage d’un hôtel à proximité de Hyde Park. Puis, ils sont partis amener leur voiture moderne avec le plateau à Brighton. Pendant ce temps, j’arrivais aussi à Londres et j’ai pu admirer un certain nombre des voitures participantes exposées à Pall Mall (rue du cœur de la City à Londres où le RAC a son siège). Nous nous sommes retrouvés le samedi après-midi et nous avons pu nous rendre à la réception organisée par le RAC (Royal Automobile Club).

Exposition à Pall Mall le samedi après-midi
Ci-dessous une vidéo montrant le démarrage de la 001: un vélo Benz de 1894 dotée d’un moteur de 1,5CV. Elle finira le parcours le dimanche.
Le dimanche matin, après un petit déjeuner matinal, à 5h30, il était temps de se préparer au départ. A 6h00, nous descendons au garage et Christopher démarre la Darracq : opération qui se déroule très simplement. Aussitôt sortis du garage, nous partons vers Hyde Park tout proche où les voitures sont classées par sections en fonction de leur âge. La Darracq porte le numéro 63 sur un ensemble de 357 voitures inscrites, auxquelles il faut ajouter 24 cyclistes sur des bicyclettes d’avant 1905 également, ainsi que 2 motocyclettes de la même époque. Notre départ est prévu entre 7h00 et 7h06. Alors que la nuit fait place à la lumière du jour, nous nous élançons. La traversée de Londres est longue et assez éprouvante, surtout pour le chauffeur, car la route est ouverte à tous et nous sommes donc dans la circulation londonienne. Il faut respecter les feux …Petit à petit, nous sortons de Londres mais il faut bien compter une heure pour arriver dans ses faubourgs.

La Darracq de Jane et CHristopher lors de la pause à Crawley
La Darracq file à une bonne cadence au rythme de son monocylindre de 785cm3 qui développe 6,5 CV (réels et non fiscaux) et de sa boîte de vitesses à 3 rapports + marche arrière. Le graissage du moteur de la Darracq se fait par une très petite quantité d’huile qui est brûlée progressivement par le moteur et qu’il faut renouveler par un genre de seringue, opération qui se fait tout en roulant. L’avance à l’allumage et l’accélérateur sont commandés par des manettes au volant, le frein agit sur la transmission. Quand la circulation le permet, nous atteignons les 40km/h, ce qui est assez impressionnant. A un moment, le moteur toussote quelques fois puis s’arrête, nous voilà sur le bord de la route. Il semble que de l’eau du circuit de refroidissement se soit échappée et qu’elle a perturbé l’allumage qui est un allumage par trembleur comme celui qui équipera les Ford T par la suite. Au bout de quelques minutes et quelques essais infructueux, le moteur repart et nous reprenons la promenade. Environ à mi-parcours, un arrêt est organisé pour les participants avec la possibilité de prendre une boisson chaude et un hot-dog qui est le bienvenu après deux heures de route.

Arrêt à Crawley
Après cet arrêt, nous reprenons la route vers Brighton et la Darracq se comporte très bien. Toutes les côtes sont avalées sur le second rapport à l’exception d’une où il a fallu enclencher le premier rapport suite à un rétrogradage en seconde un peu difficile. La Darracq dépasse bon nombre d’autres participants et se fait dépasser aussi par d’autres qui ont des moteurs beaucoup plus puissants. Le long du parcours, de nombreuses personnes sont installées pour nous voir passer, un nombre important de voitures anciennes stationnant aussi le long de la route ou nous dépassant quand la circulation le permet. L’un des moments les plus impressionnants est lorsque nous rejoignons la A23, voie rapide à 3 voies et avec une circulation assez dense. L’arrivée à Brighton se profile et nous arrivons à Madeira Drive (digue de Brighton) à 11h40, à une moyenne de 25km/h environ. Nous avons eu la chance d’avoir un temps sec, mais n’avons pas eu le plaisir de voir le soleil. Nous sommes les dix-huitième arrivés, belle performance. Il nous reste quelques heures pour voir les autres participants arriver et en soirée assister au repas organisé par le RAC.


Une Stephens de 1900 et ses nombreux graisseurs à huile perdue.


De la plus « rustique » à la carrosserie minimaliste : Orient à la plus somptueuse : Société Manufacture d’Armes
Voici un compte-rendu de cette balade, mais il est bien difficile d’exprimer tout ce que l’on ressent dans une telle aventure. Il me reste à remercier très chaleureusement Jane et Christopher Berridge de m’avoir permis cette promenade à bord de leur Darracq de 1901.

